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Exposition « L’Esprit du Trait. Une collection privée en Provence » à Marseille

Xavier Sigallon, Visuel de l’exposition

Vous avez encore quelques jours, jusqu’au 21 septembre, pour vous précipiter au musée des Beaux-Arts de Marseille et visiter une magnifique exposition de dessins, une occasion rare de découvrir la collection réunie par un amateur passionné, qui a gardé discrètement l’anonymat. Il a choisi de réunir des dessins d’artistes provençaux ou représentant des lieux de Provence entre le XVIIe et le milieu du XIXe siècle. L’éventail de sa curiosité l’a conduit à choisir à la fois des artistes bien connus, et d’autres trop souvent oubliés ou négligés.

La présentation commence par un portrait de Peiresc, le grand « curieux », qui patronne ainsi le XVIIe siècle provençal. Elle montre d’abord trois dessins de Jean Daret, dans la continuité de l’exposition récente du musée Granet, puis quatre études préparatoires de Nicolas Mignard, deux Marines de Pierre Puget, dont un Combat naval inédit et une mystérieuse allégorie maritime, aussi inédite, qui lui est attribuée.

Pierre Puget, Combat naval (détail)

Le XVIIIe siècle s’ouvre par le Projet de décor pour la chambre du vaisseau l’Intrépide par Pascal de La Rose. La dynastie des Parrocel s’avance ensuite, que domine Étienne Parrocel par des feuilles à la technique très picturale,

Celui qui se taille la part du lion au XVIIIe siècle est, évidemment, Michel-François Dandré-Bardon, dont les 18 œuvres exposées méritent le voyage. Les multiples facettes de son talent sont montrées : académies ou études préparatoire, sanguines apaisées ou plumes fiévreuses. Son ombre plane sur des dessinateurs provençaux trop mal connus, surtout sur l’Aixois Joseph II Cellony, dont trois feuilles permettent d’apprécier la plume vivace.

Michel-François Dandré-Bardon, Le Sommeil ou Figure de jeune femme éplorée

Les paysagistes du XVIIIe siècle, Henry d’Arles, David de Marseille, Jean-Baptiste Giry, Louis Chaÿs, Coste, sont réhabilités, même si déjà les Ruines du Colisée de Chaÿs avait eu les honneurs de la collection du marquis de Chennevières. Pour la fin du siècle, la personnalité de Constantin d’Aix domine avec onze dessins, tant paysages sauvages qu’animés, ou qu’études de personnages.

Constantin d’Aix, Personnages au bord d’une rivière

Constantin d’Aix précède le paysagiste si célèbre, François-Marius Granet, qui ici apparaît comme on ne l’attend pas, croquant des types d’Italiennes. Mais on s’attardera sur les noms qui échappent à l’histoire de l’art officielle, Jean-Joseph Kapeller, qui décrit l’église aixoise Saint-Jean-de Malte avant sa restauration au XIXe siècle, ou les oubliés, Paul-Pierre Grégoire ou Michel de Toulon. Combien de découvertes sous le soleil de Provence !

Pour ceux qui ne pourront pas sauter dans le TGV…, ils pourront se délecter du beau catalogue, aux notices savantes, publié sous la direction des commissaires de cette exposition remarquable, Luc Georget et Gérard Fabre.

Compte-rendu par Geneviève Bresc-Bautier.

Vue de l’exposition, L’épanouissement du paysage

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Brice Leibundgut (8 septembre 2025). Exposition « L’Esprit du Trait. Une collection privée en Provence » à Marseille. Société de l’Histoire de l’Art Français (SHAF). Consulté le 10 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/14lzj


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