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Exposition « Devenir Courbet » au musée d’Ornans

Ornans le 12 décembre 2024, présentation par Bruno Mottin © Brice Leibundgut

Gustave Courbet (1819-1877) a fait l’objet de nombreuses biographies relatant les différentes phases de sa vie et de sa carrière. De surcroît, le maître d’Ornans s’est raconté lui-même à ses contemporains, à travers ses autoportraits, ses œuvres, ou même dans des écrits, comme par exemple dans la notice manuscrite confiée à son ami le critique d’art Jules-Antoine Castagnary (1830-1888). Par ses témoignages, souvent imprécis, ou ses demi-vérités, l’artiste construit son image et réécrit sa vie.

La jeunesse du peintre ne fait pas exception. Les éléments connus de cette période, de son enfance franc-comtoise à ses débuts dans la capitale, maintes fois racontés par Courbet et ses biographes, renforcent l’image du jeune paysan foulant Paris de ses sabots, de l’homme enraciné dans son pays, du montagnard indépendant et réfractaire, ou encore de l’artiste autodidacte ayant « pour seul maître la nature ».

Aux côtés de ce récit, la production de jeunesse de Courbet est demeurée méconnue : l’artiste brouille les pistes en remaniant certains tableaux ou en modifiant leur date afin de réécrire son passé. Il apparaît ainsi comme un peintre pleinement maître de son talent dès l’âge de 20 ans.

Claude Antoine Beau, Le Portement de croix (d’après Jean-François de Troy)

L’exposition « Devenir Courbet », qui vient d’ouvrir ses portes au musée d’Ornans, présente d’abord le petit monde de l’artiste sur les rives de la Loue, y compris son premier maître Claude Antoine Beau dont on a retrouvé un chemin de croix qui fait l’objet d’une restauration.

Gustave Courbet, Le Passage du gué, vers 1843

Viennent ensuite les premières œuvres de Gustave Courbet au premier rang desquelles « Le Pont du Nahin » du musée Courbet ou encore « Le Passage du gué » conservé à l’Institut Courbet : un tableau emblématique dans la mesure où il symbolise le passage de la campagne à la capitale, la transformation d’un jeune homme galant  qui fait traverser le gué à sa belle en un homme qui deviendra réfractaire et impudique.

Gustave Courbet, Autoportrait au chien noir, 1842-44, Petit Palais

L’exposition s’achève dans une salle octogonale dont la muséographie permet de confronter les grands autoportraits de jeunesse aux radiographies qui ont tenté d’en percer le mystère. On est frappé par la qualité des œuvres souvent devenues iconiques, mais aussi par le romantisme des scènes qu’on ne trouvera plus à la maturité : ce qui laisse suggérer que devenir Courbet, c’est aussi perdre ses illusions romantiques…

Compte-rendu par Brice Leibundgut.

Gustave Courbet, Le Réveil de Saint Jérôme (détail)

« Devenir Courbet », exposition du 14 décembre 2024 au 20 avril 2025 au musée départemental Gustave Courbet à Ornans.

Commissariat général : Benjamin Foudral, directeur-conservateur du musée et pôle Courbet.

Commissariat scientifique : Carine Joly, conservateur de l’Institut Gustave Courbet ; Bruno Mottin, conservateur général du Patrimoine au C2RMF.

Catalogue « Devenir Courbet », Snoeck Publishers, sortie prévue le 9 janvier 2025.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Brice Leibundgut (15 décembre 2024). Exposition « Devenir Courbet » au musée d’Ornans. Société de l’Histoire de l’Art Français (SHAF). Consulté le 10 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12xf9


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