Visite à La Fère (Aisne) le 6 octobre 2022
Jacques Foucart et Michel Laclotte avaient depuis longtemps apprécié les richesses insoupçonnées du petit musée de La Fère qui porte le nom de Jeanne d’Aboville, la mère de la créatrice et donatrice de ce musée, la comtesse d’Héricourt (1798-1875) qui l’a légué à la ville en 1860. Un nouveau bâtiment fut alors construit et la collection y est exposée depuis 1881. Mme Nathalie Volle avait repris le dossier dans le cadre de la réalisation de sa remarquable banque de donnée RETIF, sur les peintures italiennes conservées en France et y a identifié des œuvres remarquables. Sous son autorité Mme Éléonore Dérisson a non seulement étudié précisément la riche collection de tableaux flamands et hollandais, mais étudié la constitution de la collection, dont elle vous a présenté les résultats dans une communication le 9 février 2019. À cette occasion, les membres de la société, très intéressés, avaient vivement souhaité visiter le musée. Soulignons qu’Éléonore Dérisson nous a présenté en 2023 la rotonde Balzac et le cabinet de curiosités de la fondation des artistes.
Une journée a donc été organisée par Mme Anne Bruno d’Aboville, avec Mme Nathalie Volle, Mme Martine Mathias, ancienne directrice du musée, et les deux responsables de l’institution, que nous remercions chaleureusement pour avoir permis la réussite de cette journée. Nous avons aussi bénéficié de la compétence du responsable de la société d’histoire et du patrimoine de La Fère pour comprendre l’intérêt de l’église et du château.

Jean Jouvenet, Saint Pierre guérissant les malades dans les rues de Rome © Geneviève Bresc-Bautier
La journée a commencé par la visite de l’église Saint-Montain, qui conserve un grand tableau de Jean Jouvenet, L’ombre de saint Pierre guérissant les malades dans les rues de Rome, ainsi qu’un remarquable lutrin du XVIIIe siècle en fer forgé.

Lutrin du XVIIIe siècle, église Saint-Montain, © Geneviève Bresc-Bautier
La Fère a été le fief de Marie de Luxembourg-Saint-Pol (épouse de François de Bourbon-Vendôme et mère d’Antoine de Bourbon, le père d’Henri IV) dont le château est situé face à l’église. L’oratoire de Marie de Luxembourg est encore bien visible dans l’église, ainsi qu’un monument commémoratif du XVIIe siècle. Nous avons pu pénétrer dans l’ancien château, abandonné par l’armée (régiment d’artillerie) et désormais dans un état déplorable après avoir été drastiquement transformé pour y installer le mess des officiers. Alors que l’architecture en est remarquable, la restauration se fait attendre, les lieux ayant été remis en 2017 à la fondation Espérance-Ruralités. M. Didier Ryckner, membre de la société qui était présent s’en est vivement ému.

Salle capitulaire du château, © Geneviève Bresc-Bautier
Déjà Éléonore Dérisson a publié un opuscule sur le musée qui est le guide de visite. La société a été vivement impressionnée par l’ampleur et la qualité des restaurations de peintures exécutées au C2RMF. La collection s’organise en plusieurs petites salles. Celle des Primitifs de l’Europe du Nord, dont l’imposant triptyque de la Résurrection de Lazare, commandé par la famille Booth, provenant de l’église Saint-Jacques de la Haye. L’importante collection flamande et hollandaise comprend des œuvres maniéristes (Madeleine en prière attribuée à Jean Massys, Les Vierges sages et les Vierges folles de l’anversois Maerten de Vos), de beaux paysages (Ruines de l’abbaye d’Egmont de Salomon van Ruysdael), Intérieur d’église d’Emmanuel de Witte, des natures mortes, une Allégorie du goût à laquelle participa Jan Brueghel dit de Velours. L’école italienne est représentée en particulier par une Annonciation en deux tondi de Gandolfino d’Asti (fin du XVe siècle), et une autre Annonciation de Simone Peterzano (1560-1565) récemment restaurée, sans oublier une Mort de la Vierge de Luca Giordano.

Pierre Dupuis, Panier de prunes, 1640, © Brice Leibundgut
La collection française a la chance de posséder des œuvres de peintres rares : des Combats d’amazones de Claude Deruet, un Marché aux volailles de Jean Michelin, des Marines de Lacroix de Marseille, une nature-morte de Pierre Dupuis, un paysage de Jean-Victor Bertin, un grand paysage de Georges Michel. Deux portraits de madame Adélaïde représentent l’art du portrait, moins collectionné que les paysages.
Compte-rendu par Mme Geneviève Bresc-Bautier
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Brice Leibundgut (30 mai 2023). Visite à La Fère (Aisne) le 6 octobre 2022. Société de l’Histoire de l’Art Français (SHAF). Consulté le 17 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/u563