Exposition « Claude Gillot (1673-1722), Comédies, fables et arabesques » à Dijon, au musée Magnin

Grâce au musée Magnin et sa directrice Sophie Harent ainsi qu’au Grand Palais RMN (dont la double efficacité doit être soulignée), l’exposition Claude Gillot qui avait dû fermer immédiatement après son ouverture au Louvre, vient de trouver un écrin digne d’elle.
Chacun des grands thèmes caractéristiques de l’artiste est mis en valeur par une scénographie adaptée dans un espace particulier de l’ancien hôtel Lantin. Nous regretterons toutefois l’absence de cartels directement placés auprès des œuvres, remplacés par des numéros de grande taille renvoyant à des fiches situées à l’entrée des salles. Cette mince réserve énoncée, le parcours des sept espaces correspondant chacun à une des sections de l’exposition, se révèle fluide, clair et structuré.
Claude Gillot, né à Langres en 1673 dans une famille liée à l’évêché de la ville, se fait d’abord connaître à Paris par ses relations avec les libraires et marchands d’estampes de la rue Saint-Jacques pour lesquels il donne plusieurs suites gravées présentant des satyres, des nymphes, parodiant les vices humains. Développant ce goût pour la satire, Gillot va jusqu’à proposer des sujets de sabbats nocturnes. Dès cette époque (1695-1705), ses dessins préparatoires sont à la sanguine et au lavis de sanguine, technique qu’il utilisera tout au long de sa carrière.
Moins connue est sa production d’illustrations pour des almanachs et calendriers dont le succès est assuré par les sujets en relation avec des évènements récents. Ainsi, Claude Gillot illustre-t-il le terrible hiver de 1709 qui plongea le royaume dans la misère.

Lié avec Antoine Houdart de la Motte, littérateur du parti des Modernes, écrivain des Fables nouvelles, Gillot illustre avec talent ces nouvelles fables qui n’ont pu aujourd’hui résister au succès de celles de La Fontaine. L’ouvrage est considéré comme le premier livre illustré du XVIIIe siècle.
En 1710, il est agréé à l’Académie. À la même époque, il s’illustre avec une série de Fêtes champêtres, sujet dont s’emparera avec le succès que l’on connaît, son élève Antoine Watteau.
Mais le thème le plus connu de Gillot est, sans conteste, celui du théâtre italien. Il s’empare avec vivacité et drôlerie des scènes jouées sur les tréteaux des grandes foires parisiennes par les comédiens italiens, chassés de l’Hôtel de Bourgogne en 1697, avec le personnage d’Arlequin en vedette.
Il collabore également à des productions d’opéra, de ballet et de théâtre. Ses études exposées pour l’opéra-ballet Les éléments de Lalande sont d’une maîtrise technique de l’aquarelle remarquable et d’un raffinement très subtil.
Un aspect moins connu de la production de l’artiste est son apport, avec Claude III Audran et Antoine Watteau, au renouvellement de modèles d’art décoratif, plus libres, plus souples qui touchèrent non seulement le décor intérieur comme le projet de plafond réunissant Apollon et les Muses exposé ici mais aussi l’art des bronziers, lissiers, etc.

À la fin de sa vie, assombrie par la crise de Law qui le plonge dans la misère, la maladie et la solitude, Claude Gillot aborde la peinture religieuse. Il est reçu à l’Académie, en 1715, sur un tableau dont le sujet semble lui revenir : Le Christ dans le temps qu’il va être attaché à la croix (église de Noailles, Corrèze). Si le tableau n’a pu venir à Dijon, d’autres œuvres aux sujets religieux y sont exposées. Ces gouaches, rares dans la production de Gillot, d’un faire jusqu’alors ignoré par l’artiste, sont, comme son morceau de réception, fondées sur la souffrance du Christ et d’inspiration christocentrée promue par deux de ses proches, Fontenelle et Houdart de la Motte.
Gillot meurt à Paris le 4 mai 1722.
Compte-rendu par Hélène Guicharnaud.
Exposition à Dijon, musée Magnin, du 21 mars au 23 juin 2024.
Catalogue par Hélène Meyer, Xavier Salmon, Jennifer Tonkovich, Coédition Lienart éditions / Louvre éditions, 2024.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Brice Leibundgut (7 avril 2024). Exposition « Claude Gillot (1673-1722), Comédies, fables et arabesques » à Dijon, au musée Magnin. Société de l’Histoire de l’Art Français (SHAF). Consulté le 17 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/w6hd