Exposition « Désiré-Lucas, voyage vers la couleur et la lumière » au musée Eugène Carrière de Gournay-sur-Marne

Fidèle à sa volonté de faire connaître les artistes qui ont été proches d’Eugène Carrière, le musée de Gournay-sur-Marne propose actuellement une exposition consacrée au peintre et lithographe Louis Marie Désiré Lucas auquel aucune exposition monographique n’avait été consacrée depuis celle du musée de la Cohue de Vannes, en 2006. Soucieux de se démarquer des trop nombreux Lucas présents dans les expositions, il décida, en 1902 – dans le livret de la Société des Artistes français à laquelle il participait – d’apparaître désormais sous le patronyme composé de Désiré-Lucas. Fils d’un commissaire de la marine d’origine bretonne et d’une mère créole, il a vu le jour, en 1869, à Fort-de-France, en Martinique. Dès 1871, en famille il est de retour en France et découvre la Bretagne.

Désiré-Lucas, photo, Maison Ad Braun & Cie

À vingt ans, il obtient une bourse de la ville de Brest et arrive à Paris où il s’inscrit à l’Académie Julian avant d’intégrer l’école des Beaux-Arts. Les noms de ses premiers professeurs, William-Adolphe Bouguereau, Tony Robert-Fleury, Jules Lefebvre et Gabriel Ferrier vont l’accompagner tout au long de sa carrière, qui débute en 1893, au Salon de la Société des Artistes français, dont il sera président, en 1937. Souvenir des premiers portraits qu’il adresse à l’exposition officielle, le Portrait de Tante Maria, de 1894, présenté à Gournay révèle combien l’élève a été fidèle à ses maîtres au début de sa carrière.

Après avoir été refusé au Salon de 1896, Désiré-Lucas retourne en Bretagne, sur les conseils de Gustave Moreau, dira-t-il. Il s’installe à Vannes d’où il envoie des scènes de genre désormais d’inspiration naturaliste qui lui valent son lot de décorations : mention honorable, en 1897 ; médaille de troisième classe, en 1898 et de deuxième classe, en 1899, ainsi qu’une reconnaissance publique qui lui vaut, en 1901, une Bourse de voyage, et, la même année, l’achat par la direction des Beaux-Arts du Bénédicité (Paris, Musée d’Orsay) qu’il a présenté au Salon. Sa réputation va le mener jusqu’à l’Académie des Beaux-Arts où il est élu, en 1943, au fauteuil qu’occupait Jacques-Émile Blanche.

Désiré-Lucas, La baie de Douarnenez vue des hauteurs © Musée de Gournay-sur-Marne

S’il demeure fidèle à la Bretagne et multiplie les scènes de genre que lui inspirent les traditions locales préservées – tel le Pardon de Saint Cado acheté par l’État au Salon de 1909 (Quimper, Musée des Beaux-Arts) –, Désiré-Lucas rapporte de ses voyages des paysages de plus en plus nombreux et de plus en plus lointains, de la Méditerranée à l’Espagne – Le Vieux Pont de Tolède, vers 1920, Reims, Musée des Beaux-Arts) – qui révèlent une intense curiosité et illustrent au mieux le « voyage vers la couleur et la lumière » que cite le titre de l’exposition et que les amateurs ont pu découvrir dans de nombreuses expositions puisque le nom de Désiré-Lucas se lit, par, exemple dans les livrets des expositions officielle de Rouen, en 1906 ; de Lyon, en 1909 et en 1914 ; du Havre, en 1922.

Désiré-Lucas, Avignon © A. Pennec

Réalisée grâce aux prêts de deux collections particulières, cette exposition, en un peu moins de trente œuvres, offre l’opportunité de suivre étape par étape, une carrière protéiforme et exceptionnellement longue puisque l’artiste disparait, en 1949, à quatre-vingts ans dans sa maison de Douarnenez, face au spectacle de la mer qui ne cessa jamais de l’inspirer.

« Désiré-Lucas, voyage vers la couleur et la lumière » au musée Eugène Carrière de Gournay-sur-Marne, du 17 septembre 2023 au 17 mars 2024, exposition ouverte le dimanche de 15 h à 18 h. Sans catalogue.

Dominique Lobstein.