Hommage à Jean-Pierre Babelon (1931-2024)

Jean-Pierre Babelon © Institut de France

C’est avec une grande tristesse que nous avons reçu la nouvelle du décès de Jean-Pierre Babelon le 2 février 2024.

Né à Paris le 30 novembre 1931, il était l’héritier d’une longue dynastie de grands spécialistes, Ernest Babelon (1834-1924), son grand-père, conservateur du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale et professeur de numismatique au collège de France ainsi que Jean Babelon (1889-1978), son père, qui poursuivit son œuvre au Cabinet des Médailles. Jean-Pierre Babelon avait suivi leur voie à l’École des Chartes (mais aussi à l’École du Louvre). Sa thèse sur l’architecture parisienne (1954) sur Les demeures parisiennes sous Henri IV et Louis XIII fut le début d’une longue familiarité érudite et synthétique avec l’époque d’Henri IV et l’architecture urbaine, même si par la suite sa grande curiosité l’a amené à élargir sa recherche à l’architecture et à l’art des siècles suivants voire précédents, comme en témoigne la grande exposition Le siècle de Saint Louis qu’il organisa à la Sainte Chapelle (1970).

Deux grandes directions ont mené sa recherche : l’époque Henri IV, qui culmine avec la grande biographie du souverain parue chez Fayard en 1982 (que les essais politiques rédigés plus tard n’ont pas renouvelée au contraire) et l’étude des châteaux dont témoigne le grand ouvrage sur les Châteaux de France au siècle de la Renaissance (1989).

Archiviste-adjoint aux archives de Seine-et-Oise, il fut déjà chargé de mission au château de Versailles dès 1956, mais l’année suivante il fut appelé aux Archives nationales comme conservateur de la section ancienne, chargé aussi de gérer le musée d’Histoire de France, qu’il réorganisa et où il entreprit de belles expositions, dont Coligny, Louis-Philippe, Le Parisien chez lui (1976), tout en étudiant et restaurant les appartements prestigieux des Soubise et des Rohan. En parallèle, il diffusa ses recherches sur l’histoire de Paris en enseignant tant à l’École du Louvre (cours de l’histoire de Paris, 1967-1969), qu’à l’École Pratique des Hautes Études (1969-1985).

En 1986, il quitta les archives pour diriger le musée et domaine des châteaux de Versailles et de Trianon puis après la réforme devenir le directeur général de l’Établissement public (1989-1996).

Élu à l’académie des Inscriptions et belles-Lettres en 1991 dont il fut président pour 2001, il fut chargé en 1998 de la présidence de la fondation Jacquemart-André de Paris puis à partir de 2000 de l’ensemble de la fondation, Paris et abbaye de Chaalis, jusqu’en 2018. Il y donna de précieux guides (Chantilly, Chaalis), une étude avec Nicolas Sainte-Fare Garnot sur les peintures de Tiepolo, ou encore sur les fresques de Primatice à la chapelle de Chaalis, ou sur la personnalité de Nelly Jacquemart et de son mari.

Sa bibliographie, ouvrages, articles, catalogues d’exposition est imposante. Des études précises (Le Grand Ferrare, la cour Carrée du Louvre), des synthèses éclairantes sur des châteaux (Amboise, le Louvre, Chantilly, Chenonceau), des directions d’ouvrages collectifs (Le Marais, François Mansart, les plafonds parisiens, l’Institut de France).

S’il a été très actif auprès d’autres sociétés, chères à son cœur, Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, Société Henri IV, Fondation Saint Louis, il nous a toujours été très proche :

Membre du conseil de notre société depuis 1980 jusqu’à sa disparition, vice-président en 1985-1986, président en 1986-1988, il nous a donné plusieurs contributions :

« Recherche sur les fresques du XVII^e siècle décorant une chapelle de l’église Saint-Eustache » [Antoine Ricard], Bulletin 1959, p. 67-74.

« Documents inédits concernant Salomon de Brosse », Bulletin 1962, p. 141-156.

« Les Falconet de la collection Thiroux d’Épersenne, Bulletin 1964, p. 101-111.

« Les peintures de Claude Vignon à l’hôtel de Chevreuse-Longueville dans un acte de 1731 », Bulletin 1964, p.189-192.

Avec Pierre Rosenberg, « Les dessus de porte de l’hôtel Soubise. À propos de deux œuvres retrouvées [Restout et Van Loo], Bulletin 1967, p. 211-215.

« L’œuvre de Jules Hardouin-Mansart à l’hôtel de Chaulnes, 9 place des Vosges à Paris », Bulletin 1968, p. 37-46.

« Château de Montceaux-en-Brie. Construction de l’un des pavillons détachés. Marché du 19 décembre 1598 », Archives de l’art français, XXVI, Mélanges Mireille Rambaud, 1984, p. 39-41.

Hommage par Geneviève Bresc-Bautier.

Jean-Pierre Babelon, Henri IV © éditions Fayard