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Les violences sexuelles dans la peinture mythologique au XVIIIe siècle – Communication le 16 mars 2024 par Lisa Jonget

Jean-Baptiste Marie Pierre, Io enlevée par Jupiter, 1752, collection particulière

C’est au moment du lancement du concours de 1727 dans la galerie d’Apollon au Louvre que le peintre Noël-Nicolas Coypel expose sa toile L’enlèvement d’Europe. Si La Continence de Scipion remporte la mise, la présence d’une scène d’enlèvement empruntée au répertoire ovidien, marque la critique. Sa résonance est telle que l’on retrouve par deux fois l’épisode de Jupiter et Europe parmi les lauréats du concours de 1747.

Enlevée dans le dessein de s’unir avec elle par la force, l’histoire de Jupiter et Europe, à l’image d’autres épisodes d’enlèvement, est intrinsèquement liée au viol. L’omniprésence de scènes d’enlèvement au sein des expositions de l’Académie royale de peinture et de sculpture traduit un certain goût pour les épisodes de violences sexuelles. Véritable leitmotiv au sein des récits antiques tels les Métamorphoses d’Ovide ou L’Âne d’or d’Apulée, les violences sexuelles deviennent un thème récurrent en peinture en lien avec le genre historique et l’illustration de la fable, en particulier d’épisodes de viols commis sur des jeunes femmes. De ces représentations nous pouvons retenir un aspect majeur : la négation de la violence au profit de compositions pastorales et franchement érotiques. Les figures féminines sont montrées lascives, presque actrices de leur propre plaisir en pâmoison devant la toute-puissance des dieux. Ainsi, il convient d’analyser ce phénomène d’aseptisation des violences sexuelles et la manière dont elles sont représentées en peinture.

Néanmoins, l’appréhension de telles représentations ne peut se faire sans une définition précise et contextualisée de ce que le XVIIIe siècle entend comme violences sexuelles. En effet, le viol perçu comme un crime de mœurs mobilise une notion essentielle, celle de l’honneur féminin et familial qui se retranscrit en peinture. La peinture mythologique, se  voulant transcription d’un récit poétique, tente de se faire vectrice de ce sentiment honorifique qui inonde les conceptions juridiques de l’Ancien Régime.

Communication présentée par Christine Gouzi

Samedi 16 mars 2024 à 17 h salle Walter Benjamin, rez-de-chaussée.

Communication du 16 mars 2024


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Brice Leibundgut (3 janvier 2024). Les violences sexuelles dans la peinture mythologique au XVIIIe siècle – Communication le 16 mars 2024 par Lisa Jonget. Société de l’Histoire de l’Art Français (SHAF). Consulté le 2 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/vffb


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