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À la recherche des soieries de Tours au XVIIIe siècle – Communication le 25 novembre 2023 par Xavier Petitcol

“Vue panoramique de Tours” (1787) by Pierre-Antoine Demachy (1723-1807)

Les curieux des arts décoratifs anciens savent plus ou moins qu’en France, on a tissé des soieries à Tours et non pas uniquement à Lyon ; mais avec une étoffe dans les mains, comment peut-on assurer que cette soierie-là ait été tissée à Tours ? Ce propos ne concerne que l’étoffe tissée manuellement sur un métier antérieur à la mécanique Jacquart, par conséquent contemporaine de l’Ancien Régime, à l’époque où un même atelier tissait indifféremment pour la « robe » et pour le « meuble ». La bibliographie existante repose exclusivement sur des archives et n’envisage jamais les étoffes qui peuvent encore exister.

La Fabrique de Tours a été fondée par Louis XI en 1470, au détriment de celle de Lyon qui démarrait à peine. Dès l’origine, il a été donné le nom de cette ville à une armure de base : le gros de Tours est un cannelé de 2 coups ; c’est-à-dire que le fil de trame passe deux fois sous le même fil de chaîne, générant des petites côtes transversales. L’appellation gros de Tours pour ce type d’étoffe est pratiquée partout dans le monde, sans traduction.

Dès la deuxième moitié du XVIIe siècle, Lyon l’a emporté sur Tours, car mieux placé géographiquement sur la route de l’Italie qui avait précédé la France dans le tissage de la soie. On cite plusieurs ouvriers en soie, sans travail à Tours, qui essayaient de se faire embaucher à Lyon.

Dans tous les lieux de tissage, la largeur des laizes et la composition des lisières ont toujours été réglementées. À Tours, un privilège particulier a prévu à un moment donné un tissage de 1/12 d’aune de moins qu’à Lyon ; soit des laizes de 49,5 cm au lieu de 54 cm. C’est sur ce critère de largeur de tissage que M. Xavier Petitcol a dépouillé systématiquement à Lyon les collections de soierie du Musée des Tissus et de la Manufacture Prelle.

En l’absence de marque d’atelier tissée sur une étoffe ou d’échantillons annotés à l’époque (même dans la fameuse collection du Maréchal de Richelieu à la BNF), ce serait une maquette signée d’un dessinateur de Tours qui permettrait d’attribuer à cette ville une soierie correspondant exactement à ce dessin. Le Musée des Arts Décoratifs de Paris en conserve 4 500, collectés par le praticien César Calais (1811-1890).

Aucun ouvrage, aucun musée textile ne consacre une section « Soieries de Tours ». Le musée des Beaux-arts de cette ville conserve une centaine de coupons non exposés, donnés par les manufacturiers de la cité au cours du XXe siècle et le projet d’un musée spécifique aux étoffes dans cette ville a été abandonné. Aussi les principaux gisements de ces soieries ont été retrouvés dans trois anciennes manufactures liées à la Fabrique de Tours de l’Ancien Régime : la maison Roze, la maison Le Manach-Les trois Tours et la maison parisienne Hamot, successeur de Cartier, maître fabricant à Tours depuis Louis XIV. M. Xavier Petitcol a inventorié l’intégralité des fonds pléthoriques des deux dernières maisons, avant leur dispersion en vente publique de 1995 à 2011.

En illustration, il sera proposé une trentaine de ces soieries de Tours en justifiant chaque fois cette provenance.

Les soieries de Tours ont certes été moins somptueuses que celles de Lyon. Les coloris sont moins éclatants et le tissage moins sophistiqué. Mais toujours à la mode, ces étoffes étaient moins onéreuses et, pour cela, elles avaient une belle clientèle, même à l’étranger ; de toute façon, elles méritaient d’être mieux identifiées.

Communication présentée par Daniel Alcouffe.

Samedi 25 novembre 2023 à 17 heures, à l’INHA, salle Vasari, 1er étage.

Communication du 25 novembre © Brice Leibundgut


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Brice Leibundgut (24 octobre 2023). À la recherche des soieries de Tours au XVIIIe siècle – Communication le 25 novembre 2023 par Xavier Petitcol. Société de l’Histoire de l’Art Français (SHAF). Consulté le 10 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/u57d


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