Livre « Nicolas-Guy Brenet 1728-1792 », par Marie Fournier

Marie FOURNIER, Nicolas-Guy Brenet 1728-1792, Arthena

Le peintre Nicolas-Guy Brenet est à l’honneur en 2023. Nous avions déjà pu admirer sa monumentale toile La Lapidation de saint Étienne qui avait exceptionnellement quitté l’église de Chamblay dans le Jura pour figurer à l’exposition « Le Beau Siècle » à Besançon au premier trimestre.

Et voici qu’au mois de juin, les Éditions Arthena publient la monographie de référence Nicolas-Guy Brenet 1728-1792, issue du doctorat soutenu à Sorbonne-Université par Marie Fournier.

Comme l’indique la 4^ème de couverture : « Sa brillante carrière académique illustre l’ascension sociale et institutionnelle d’un homme issu d’un milieu modeste de graveurs. Après sa participation au cycle de l’histoire de saint Louis pour la chapelle de l’École militaire en 1773, le succès des Honneurs rendus au connétable Du Guesclin par la Ville de Randon exposé au Salon de 1777 fit de lui l’artiste le plus sollicité pour les commandes destinées à encourager la peinture d’Histoire sous le règne de Louis XVI. Ses nombreux retables peints pour les églises de province illustrent le dynamisme encore trop méconnu des commandes du clergé jusqu’à la Révolution. »

C’est M^me Christine Gouzi, administratrice de la Société de l’Histoire de l’Art français, qui a rédigé la préface. Elle y explique la réception au fil des siècles de la peinture de Brenet : « La manière dont s’articule dans l’art de Brenet le renouveau des sujets nationaux et ceux issus de l’histoire biblique permet de comprendre cette grande manière hybride historique et sacrée, qui s’imposa en France dans les années 1760-1780 et dont Brenet est un des plus actifs représentants. Cela explique en partie ses succès pendant une partie de sa carrière ; mais aussi l’oubli dans lequel il tomba par la suite. Le XVIII^e siècle du XIX^e siècle et du début du XX^e siècle était en effet vu comme un siècle philosophique, qui annonçait les bouleversements de la Révolution française.  La peinture de Brenet, restée fidèle à la grande manière religieuse de l’Ancien Régime, ne pouvait donc qu’être considérée comme obsolète, voire incongrue, dans un siècle vu comme celui du doute religieux. »

Mais dans cette préface, Christine Gouzi engage aussi une réflexion sur l’évolution des catalogues, catalogues d’exposition, catalogues de ventes et bien sûr catalogues raisonnés. Une réflexion qui concerne forcément la Société de l’Histoire de l’Art français qui, dans la centaine de bulletins annuels qu’elle a déjà publiés, a inclus de nombreux catalogues raisonnés.

Retenons la conclusion de Christine Gouzi : « À ce jour, le catalogue raisonné imprimé demeure un objet scientifique irremplaçable, approprié à la valorisation de l’écriture et de la pensée des auteurs, dont les travaux sont trop souvent galvaudés, pillés ou ignorés comme œuvres de l’esprit sur internet. Enfin, l’impression d’un catalogue raisonné est soutenue et défendue par un éditeur, qui en assume l’aspect esthétique, la caution scientifique et le protège contre les copier-coller insidieux de l’internet : si Nicolas-Guy Brenet est le soixante-seizième ouvrage publié par Arthena, ce ne sera pas le dernier. Beaucoup d’autres sont heureusement à venir, pour la défense et l’illustration de l’histoire de l’art et du patrimoine. »

Compte-rendu par Brice Leibundgut.

Référence :

Marie FOURNIER, Nicolas-Guy Brenet 1728-1792, Arthena, 2023, 360 pages, 361 illustrations.