Exposition « Bonheur rêvé » au Musée Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye – Visite le 9 mai 2022

Après trois ans de travaux, le musée départemental Maurice Denis rouvrait ses portes à la fin de l’année 2021. Pour fêter les quarante ans du musée, peu après le 150^ème anniversaire du peintre, une exposition inaugurale d’envergure prit place dans ce qui fut sa demeure et son atelier, « le Prieuré ».

« Bonheur rêvé » a été conçue non seulement une exposition, mais comme une sorte d’accrochage idéal, évoquant les liens de l’artiste avec ce lieu aimé, dans la ville qui fut la sienne. C’est Fabienne Stahl, en charge du commissariat avec Marie-Aline Charier, qui a présenté brillamment les quelques quatre-vingt œuvres à la Société de l’Histoire de l’Art français lors d’une belle journée ensoleillée. Le fond du musée a été, à cette occasion, enrichi par des prêts de collections particulières et d’institutions publiques, dont le musée d’Orsay.

Outre les aspects bien connus de l’artiste, surnommé « le Nabi aux belles icônes », des œuvres de ses amis rappelaient leur rôle pionnier dans un art annonçant bien des aspects de la modernité du XX^ème siècle. L’accrochage proposait des rapprochements inédits autant que pertinents. Ainsi, deux portraits de Marthe Denis par Théo Van Rysselberghe côtoyaient sur la cimaise un miroir ovale ayant appartenu à Denis, qui figure dans l’un des tableaux.

Miroir ovale ayant appartenu à Maurice Denis (collection particulière), Théo Van Rysselberghe, Portrait de Marthe Denis au miroir (1907, musée départemental Maurice Denis) et Portrait de Marthe Denis au kakemono (1908, collection particulière). Dans le miroir on aperçoit le reflet inversé du tableau de Maurice Denis, La Princesse dans la tour (1914, musée départemental Maurice Denis)

L’exposition permettait aussi d’admirer des œuvres moins connues, et inhabituelles, comme cette Mère au châle noir, témoin des expérimentations de l’artiste autour d’un pointillisme décoratif inspiré du néo-impressionnisme de Seurat mais interprété de manière très libre. Il s’agit du portrait de Marie Portelette, épouse de celui qui fit découvrir le musée du Louvre à  Denis, alors âgé de quinze ans.

Maurice Denis, Mère au châle noir (1891, collection particulière).

Quelques pépites témoignaient du travail de Denis alors qu’il fréquentait encore l’Académie Julian. Le peintre avait accroché cette Nature morte aux pommes en bonne place près de la porte d’entrée du Prieuré.

Maurice Denis, Nature morte aux pommes (1889, musée départemental Maurice Denis)

La visite s’est prolongée dans la chapelle – qui doit être restaurée comme le grand atelier – et  s’est terminée en promenade bucolique dans le vaste jardin, embelli et doté d’une nouvelle sculpture, L’Été sans bras d’Aristide Maillol, mise en dépôt par la Fondation Dina Vierny-musée Maillol.

Le Prieuré vu du jardin.

Compte-rendu par Nicole Tamburini.