La collection de sculptures donnée par Jean-Marie de Silguy au musée de Quimper – Communication le 17 juin 2023 par Virginie Guffroy

Une des galeries du musée de Quimper en 1884

Jean-Marie de Silguy (1785-1864) est issu d’une des plus anciennes familles nobles de Bretagne. Ingénieur des ponts et chaussées, il constitue l’essentiel de sa collection entre 1842 et 1852 lors de son séjour parisien. Il achète alors majoritairement des peintures et des dessins à l’hôtel des ventes Drouot, qui sont bien étudiés et constituent le cœur de la collection du musée, mais aussi des sculptures, petits bronzes, plâtres, terres cuites. Jean-Marie de Silguy, retiré à Quimper dès 1852, demeuré célibataire et sans enfants, décide du legs de sa collection à Quimper, effectif à sa mort en 1864. Le legs n’est assorti que d’une seule condition : la ville de Quimper doit construire un musée pour accueillir la collection. Le concours d’architecture est lancé en 1867, remporté par Joseph Bigot et le musée ouvre en 1872.

Tout comme le fonds d’objets d’art, les sculptures du musée des Beaux-Arts de Quimper sont relativement peu étudiées, et en réalité leur histoire est assez méconnue. Le récolement de 2015 a permis l’amorce de la redécouverte de ce fonds et dans le même temps, le constat de sa presque complète disparition : sur 258 sculptures connues par la liste du legs, une cinquantaine seulement sont aujourd’hui formellement identifiées dans les réserves ou les dépôts du musée. Un travail de post-récolement est donc à mener sur ce fonds, dont on peut encore espérer des redécouvertes.

Le choix de la constitution d’une collection de sculpture au XIX^e siècle n’est pas neutre, celle de Jean-Marie de Silguy reflète une dimension pédagogique et encyclopédique, tel qu’on comprenait la notion au XIX^e siècle. Elle était constituée de reproductions d’antiques en plâtre et bronze (Vénus de Milo, Vénus pudique, groupe du Laocoon..), de sujets mythologiques, de bustes de philosophes antiques et modernes (Démosthène côtoyant Voltaire) et d’écrivains (Corneille, Molière), le tout correspondant à la mise en valeur d’une culture dite classique. On y retrouve aussi des bustes royaux et impériaux (Louis XVIII, Alexandre I^er de Russie), des sujets plaisants (des jeunes femmes de Pradier), quelques bronzes de Barbedienne et une belle collection de bronzes de Fratin, achetés lors de ses grandes ventes de 1851 et 1852.

La formation de notre recherche s’appuie sur des pièces d’archives liées au fonds de Silguy ainsi que des documents afférents à ce grand donateur, notamment les catalogues de vente qui sont une source précieuse pour comprendre le goût du collectionneur. L’attention à l’histoire de cette collection dès sa donation à la ville est aussi indispensable pour retracer les pérégrinations de ces sculptures, au fil des dépôts successifs dont elles ont été l’objet. Notre étude permet donc une analyse du collectionnisme, de l’histoire du goût et une historiographie des collections de sculptures, au prisme des volontés d’un homme de son temps, Jean-Marie de Silguy.

Communication présentée par Mme Geneviève Bresc-Bautier.

Virginie Guffroy

2022-2023 : Institut National du Patrimoine, spécialité Musées pour les Collectivités Territoriales.

À partir du 1^er août 2023, elle sera Conservatrice des Beaux-Arts au musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon.